Comment a débuté le projet Artefacts ?
Lors des différentes étapes du traitement des commandes, on s’est aperçu que certaines dégradations de la pellicule pouvaient donner de très belles images. On a donc eu l’idée de les prendre en photo, en très gros plan, pour voir ce que ça donnait. Et on a constaté que l’image de ces dégradations est encore plus belle en macro, d’où la généralisation de ce processus.
Quel est l’objectif d’Artefacts ?
Ce projet Artefacts témoigne de notre regard sur les films, du soin qu’on leur apporte. Ce n’est pas seulement de la pellicule que l’on voit défiler. Par conséquent, ce projet nous est venu assez naturellement, puisqu’on manipule et on regarde tous les films de bout en bout, pour corriger les couleurs, rectifier le cadrage, la netteté. Une fois qu’on s’est équipé en matériel photographique, en septembre 2013, nous avions commencé à prendre nos photos.
Qui participe au projet ?
Tous les employés de Family Movie y contribuent car la détection des défauts peut se faire à toutes les étapes. Lors de l’assemblage manuel des bobines, l’opérateur les manipule pour les mettre bout à bout. Il peut donc noter les pellicules qui présentent des brûlures ou autres défauts. Ensuite, lors du scan image par image, l’opérateur peut les voir directement dans le moniteur.
Lors de l’assemblage numérique, un 3ème opérateur peut également détecter des images à photographier. Enfin, une fois la prise de vue effectuée, une de mes collègues retouche une sélection des meilleures photos.
Qu’est-ce qui t’intéresse dans ces prises de vue ?
Tout d’abord, j’aime la photographie que je pratique depuis 30 ans. Pour autant, j’ai dû me mettre à la macro pour ce projet. Je prend généralement en photo une image qui fait 4 mm sur 8 mm. C’est énormément grossi, jusqu’à 10 fois. Je vise soit l’image entière soit une partie de l’image à l’aide de plusieurs objectifs. Et au delà de l’aspect technique, je trouve cela intéressant de magnifier une dégradation, quelque chose dont on ne veut pas, en quelque chose de beau, qu’on a plaisir à contempler.
Qu’est-ce qui est compliqué ?
D’une part, de trouver l’image en question ! Surtout lorsqu’elle se trouve au milieu d’une pellicule de plusieurs centaines de mètres.... Ça c’est le côté un peu rébarbatif. D’autre part, au niveau de la prise de vue, c’est de trouver le bon angle et le bon éclairage pour mettre en valeur le défaut de l’image.
Quel type de défaut préfères-tu photographier ?
J’adore les bulles. J’adore les brûlures. Elles surviennent lorsque la pellicule est restée trop longtemps devant la lampe du projecteur et que la gélatine s’est boursouflée. A l’intérieur de cette boursouflure, il y a pleins de microbulles, parfois très rondes, parfois allongées ou entourées de ronds concentriques ou de stries.
Il y a aussi les couleurs qui changent énormément en fonction de l’image du photogramme, du degré de chauffe de la gélatine et de l’émulsion. Tout cela concourt à donner des aspects différents pour chaque brûlure. Même si les bulles sont prédominantes, on a établit une classification par type de défaut. On peut également obtenir des accrocs, des colures, des déchirures, des moisissures, des craquelures, des rayures…
A qui sont destinées ces photos ?
Au départ on ne photographiait que les défauts, mais maintenant on réalise également des beaux portraits que l’on offre aux clients. Quant aux images de défauts, souvent abstraites, elles sont destinées aux artistes et à toute personne intéressée à utiliser gratuitement ces images pour ses projets.
Où peut-on voir les photographies d’Artefacts ?
Elles sont visibles sur différents sites internet. En HD sur Flickr Super 8 Artéfacts, sur notre Blog Super 8 Artéfacts et sur la page Facebook de Family Movie.